Les Dhami, les Nyimba, la polyandrie, le Bon chamanique et le Bouddhisme
La vallée de la Humla abrite environ 1200 Nyimba. Les Nyimba est un peuple originaire de l'ouest du Tibet. Leur culture est une combinaison des cultures tibétaines et népalaises.
Les Nyimba sont des bouddhistes tibétains issus de la branche de Nyingmapa. Cette branche est en soi un hybride entre le bouddhisme et les formes anciennes du chamanisme. Contrairement aux bouddhistes qui voient le mal comme inhérent à l'homme, du fait de sa mauvaise conception et interprétation du monde, les Nyimba croient aux mauvais esprits et effectuent des rituels pour les conjurer. Les Nyimba croient que leurs ancêtres peuvent les hanter sous la forme d'esprits et de fantômes.
Le Dhami sert de médiateur avec le monde des esprits, selon un rôle qu'il a hérité du chamanisme ancien. Contrairement à un chaman, un Dhami n'entre pas dans l'autre monde. Le Chaman entre en transe et pénètre l'autre monde alors que le Dhamis n'a pas de pouvoir surnaturels, mais est choisi pour recevoir les messages de l'autre monde et des dieux. A l'origine, les Dhamis étaient choisis parmi la caste des esclaves. Depuis que l'esclavage a été interdit en 1926, les dhamis sont des hommes provenant de toutes les castes, toutefois ils restent au niveau le plus bas des échelles sociales et économiques.
Le dieu du village choisit le Dhami qui éprouve des convulsions ou des visions. Le potentiel du Dhami est confirmé après 3 actes d'intervention divine. Un des tests exige que la personne puisse boire de l'eau bouillante sans se brûler la gorge. Après confirmation, le dhami devient le guérisseur du village. En effet, la manifestation d'une maladie vient du mécontentement divin. Lorsque une personne est malade, le Dhami entre donc en transe pour communiquer avec la colère de Dieu. Un dangri, un traducteur, interprète le sens des mots émis par le dhami durant la transe.
Un dhami prédit aussi et explique des événements. Si ses conseils ne sont pas entendus, le châtiment divin devrait suivre. Si ses prédictions ne se déroulent pas, c'est un signe de mauvaise conduite par les villageois, qui ont été punis en n'ayant pas vu de changement.
Bien que des éléments du chamanisme fassent partie intégrante des croyances des Nyimba, les croyances bouddhistes façonnent les valeurs du système et la structure de la société, y compris le système juridique. Les vices tels que la colère ou la cupidité sont ainsi soumis à un châtiment. Des infractions extrêmes comme le vol ou le meurtre sont punis dans ce monde et dans le monde de l'au-delà. La poursuite d'un gain matériel est particulièrement mal vue comme une ingérence dans la poursuite d'une existence supérieure.
Le concept du mariage et de la sexualité chez les Nyimba est inextricablement lié au système moral bouddhiste. Le Nyimba pense que le désir des choses terrestres, y compris l'amour mondain, interfère avec la recherche spirituelle et intérieure. Les attachements émotionnels sont assimilés à une volonté d'appropriation, de possession. Ainsi, il n'y a pas de mot ou un concept pour décrire l'amour, qu'il soit divin, parental ou sexuel.
Grâce à la reconnaissance des croyances religieuses Nyimba, les étrangers peuvent mieux comprendre leurs mariages polyandriques. Plusieurs frères vont ainsi partager une épouse, parfois deux. C'est le frère aîné, qui va diriger le futur ménage et donc choisit la première épouse. Elle est souvent beaucoup plus jeune que lui et doit attendre pour vivre avec sa future famille. Quand elle atteint la puberté, elle se déplace dans la maison de son père-frère, où elle prend ses fonctions comme la femme de plusieurs hommes. Chaque frère a des droits égaux à coucher avec la femme, qui maintient la paix en évitant le favoritisme sexuel.
L'importance de la paternité diffère selon les villages Nyimba. Dans certains village, le premier bébé garçon né est désigné comme étant l'enfant du frère aîné, le second est né du deuxième frère, et ainsi de suite jusqu'à ce que chaque frère ait un fils pour s'occuper de lui lorsqu'il sera âgé. Dans d'autres villages, les membres de la famille déterminent avec soin la paternité réelle de chaque enfant.
Ce n'est que récemment que les femmes ont été autorisées à hériter des biens - la pratique n'est pas encore généralisée - rompant ainsi avec le fait que la naissance d'un garçon est beaucoup plus précieuse pour assurer l'héritage familial.
La principale motivation du maintien de ce système matriarcal est économique. La terre, qui est un bien rare et précieux, reste ainsi intact est n'est pas divisée au fur et à mesure des héritages. Travailler la terre dans ces régions serait une tâche difficile pour une seule personne, un seul chef de famille, ainsi ce système matriarcal permet de créer un groupe d'hommes qui se répartissent les tâches.